Les écosystèmes sont des organismes complexes, aux multiples facettes, qui englobent un ensemble d’acteurs et de types d’échanges. Cet article vous aidera à mieux comprendre ce qu’est un écosystème de données et comment il fonctionne.

Qu’est-ce qu’un écosystème de données ?

Bien qu’il existe de nombreux ouvrages et définitions sur les écosystèmes de données, on constate un manque de vocabulaire commun.

Pour définir un écosystème nous utiliserons plusieurs sources :

  • Nardi et O’Day donnent une définition large de ce qu’est un écosystème : « un système de personnes, de pratiques, de valeurs et de technologies dans un environnement local particulier ».
  • Martin, Sébastien & Turki, Slim & Renault, Samuel (2017) apportent quelques précisions supplémentaires « les écosystèmes sont constitués de composants en interaction, relativement bien connectés et présentant des interdépendances substantielles. Les composantes spécifiques varient d’un écosystème à l’autre »
  • “What Is a Data Ecosystem ?”, 2021, plus orienté entreprise décrit les écosystèmes de données comme “une combinaison d’infrastructures et d’applications d’entreprise (…) utilisées pour agréger et analyser des informations”
  • Abdulla, Ahmed, et al., 2021, le caractérise comme “une plate-forme qui combine des données provenant de nombreux fournisseurs et crée de la valeur par l’utilisation des données traitées”.

Pour synthétiser, les écosystèmes de données sont des environnements dans lesquels deux acteurs ou plus, qu’ils soient publics, privés ou une combinaison des deux, se réunissent pour échanger des données ou des services de diverses manières.

Comment fonctionnent les écosystèmes ?

Bien que les écosystèmes de données contiennent une variété d’acteurs (publics et privés), deux critères distincts nous aident à déterminer le type d’écosystème que nous observons. La première distinction que nous pouvons faire dans les écosystèmes est celle entre les écosystèmes organisés par le public et ceux organisés par le privé. La deuxième façon de catégoriser les écosystèmes est de savoir s’ils sont centralisés (ce qui signifie que toutes les données sont téléversées vers une plateforme spécifique) ou décentralisés (les données restent dans des plateformes partenaires et des routes API permettent à d’autres parties d’accéder à leurs données).

Écosystèmes à orchestration publique

Dans les écosystèmes orchestrés par le secteur public, une entité gouvernementale, qu’elle soit à petite échelle (gouvernement régional) ou à grande échelle (par exemple, la Commission européenne ou le gouvernement national), gère la création, l’organisation et la gouvernance de l’écosystème.

Un exemple d’écosystème orchestré par le public est un échange en Corée entre KT Corporation (Korea Telecom) et KCDC (Korea Centers for Disease Control and Prevention) pour atténuer l’épidémie de la maladie MERS (Middle East respiratory syndrome) (Boral, Austin, et al., 2019) . Afin d’endiguer une épidémie de MERS en 2020, le gouvernement coréen a orchestré un écosystème de données à réponse rapide entre le KCDC et le géant des télécommunications KT. Une publication ” Data Collaboration for the Common Good ” du WEF (Forum économique mondial) détaille les paramètres de cet écosystème : “Le KCDC a aidé les autorités gouvernementales à coordonner leurs activités lors de l’élaboration d’une législation essentielle pour répondre aux préoccupations du secteur privé en matière de confidentialité des données et de protection des consommateurs. Plus précisément, la législation prévoyait la destruction de toutes les données de mobilité utilisées au cours de la collaboration après une période déterminée. Cette directive a permis de gagner la confiance des dirigeants et des abonnés de KT, tout en améliorant la transparence de la collaboration en matière de données. L’effort de KT pour améliorer la santé publique via sa plateforme de préparation aux épidémies a encouragé la participation d’autres grands opérateurs mobiles à participer à l’initiative ” (Boral, Austin, et al., 2019).

Les écosystèmes orchestrés par le gouvernement tels que ceux-ci ont souvent des objectifs très spécifiques pour leur création. Ces écosystèmes ont des contrats, des mesures et des accords spécifiques sur la manière exacte dont les données seront collectées, utilisées et souvent détruites après la collaboration.

 

Écosystèmes à orchestration privée

Les écosystèmes organisés par le secteur privé sont les types d’écosystèmes les plus courants. Ils sont organisés par une entreprise privée.

Un exemple d’écosystème privé est mentionné dans l’article de Marcus Roth et de ses collègues intitulé “Four ways to accelerate the creation of data ecosystems”, dans lequel “un fournisseur de services numériques et une chaîne de supermarchés se sont associés pour résoudre un problème récurrent pour les entreprises de produits de consommation courante : comprendre comment la publicité affecte les achats. Chaque partenaire recueille de grandes quantités de données – le fournisseur de services numériques collecte des données sur la publicité et l’audience à partir de millions de comptes, et la chaîne de supermarchés recueille des données sur les achats à partir de millions de clients. Combinées, ces sources de données peuvent être utilisées pour découvrir le lien entre la publicité et les achats – un défi important pour les spécialistes du marketing des produits de grande consommation et les plateformes de publicité numérique. L’écosystème crée des avantages pour les deux partenaires” (Aaser, Mohammed, et al., 2020).

En fonction de l’orchestration des écosystèmes le fonctionnement même de l’écosystème change, il est donc intéressant d’approfondir pour connaitre la différence entre les écosystèmes centralisés et décentralisés.

A découvrir aussi : Les écosystèmes centralisés et décentralisés : quelles différences ?

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